12 years a slave - Solomon Northup

Lire un livre qui a l’allure d’une déposition c’est assez perturbant. Gênée. Voici le sentiment que j’ai eu après avoir lu la dernière page de ce livre. Le verbe « gêner » dans le Larousse peut vouloir signifier être dans une situation d’embarras, de malaise moral. Voilà un peu mon état d’esprit après avoir lu l’histoire de Solomon Northup. Solomon c’est l’auteur du livre et le protagoniste de l’histoire. C’est l’homme né libre dans le Nord des Etats Unis qui a été kidnappé, saoulé et battu pour être ensuite envoyé dans les plantations de coton dans le Sud des Etats Unis… là où l’esclavage était encore accepté, autorisé et perçu comme une évidence.

Je n’ai pas vu le film de Steve Mac Queen. Selon le bibliothécaire de mon quartier c’est tant mieux. Il valait mieux sur ce coup là commencer par le livre avant de regarder le film… Très bien je fais les choses dans « le bon ordre » visiblement.

Dans mon entourage ceux qui ont vu le film m’ont donné des avis différents : intéressant, passionnant, perturbant, dur, violent, insoutenable, sanguinolent… Je me suis lancée dans la lecture. L’écriture est fluide, calme et étonnamment posée. Aucune haine, aucune violence ne transparait dans l’écriture de l’homme qui, prisonnier pendant 12 ans a du subir des tortures indignes pour un être humain. L’intelligence de Solomon Northup est frappante, voire déstabilisante. A chacune scène de violence il rappelé à ses lecteurs qu’aucune généralité ne peut être faite car notamment, parmi les Blancs qui avaient recours à des esclaves on trouvait aussi bien des gens bons que des brutes violentes. Il décrit les scènes avec une précision surprenante. Ses études des esclaves qu’il a côtoyés pendant sa captivité, des maitres qui l’ont exploité, de sa famille et de sa vie d’avant laissent sans voix. Son attitude face aux violences subit (fouets, coups, courses pour éviter les chiens affamés des blancs, etc.…) témoignent d’une grande sagesse d’esprit. Entre deux chapitres, un temps de réflexion. Un film, un livre, des commentaires sur allocine.fr … ok mais de quoi s’agit-il réellement ? Il faut se remettre dans le contexte : il s’agit d’un vrai récit, d’une vraie histoire vécue et racontée par un même homme. Et là, immédiatement, on se sent prise d’un gène. Gêne de lire ça comme un roman, une « distraction ». Gêne d’avoir le sentiment d’être une mouche écoutant la déposition de l’homme à qui on a ôté 12 ans de sa vie…

Si vous le croisez à la bibliothèque, empruntez le mais gardez à l’esprit que l’esclavage ne remonte pas à si loin que ça, et que pour une fois, il s’agit d’une histoire vraie et pas d’un film américain où tout est exagéré et romancé pour plaire aux spectateurs et doper l’audimat.

Bonne lecture