Le triangle d’hiver – Julia Deck

Le triangle d’hiver est le deuxième roman de Julian Deck. Il est paru lors de la rentrée littéraire 2014. Dans son ouvrage, l’auteur joue avec les mots, l’espace, le temps et les pronoms personnels aussi. Au centre du triangle qu’elle décrit comme équilatéral se trouve la protagoniste : Bérangère de son prénom d’emprunt (on ne connaitra jamais son vrai prénom d’ailleurs), Blandine Lenoir et un inspecteur. On va suivre le personnage principal dans trois villes portuaires différentes (Le Havre, Saint Nazaire et Marseille). Le personnage principale est décrit comme « une  femme pas si jeune que ça mais pas encore tout à fait une vieille ». Elle est sans qualification et sans expérience professionnelle particulière. Légèrement folle et très fantasque, elle se fait virer de son poste de vendeuse chez Darty après avoir menacé son n+1 avec un batteur à œufs en fonctionnement après que celui-ci lui ai fait des avances plus que louches…

On commence à la suivre avec la description de son entretien à Pole Emploi qui ne lui inspire rien qui vaille (elle non plus elle ne semble pas inspirer grand-chose à la dame du Pôle Emploi…). L’entretien individuel clos, on comprend que le personnage a l’esprit ailleurs. Cet entretien est, ma foi, raté. Elle est même « blacklistée » du Pôle Emploi local qui baisse les bras devant le non intéressement de la demoiselle face à ses impératifs professionnels.

Puis on commence à suivre le personnage en mouvant : elle se rend tout d’abord dans un bar qui semble assez miteux, en tous cas très sombre où elle commande plusieurs Black Russian, seule, au comptoir du bar devant un serveur perplexe.

Elle se fait accoster par un homme musclé et viril qui visiblement travaille sur un des gros navires à quai. Là, à ce moment-là de la lecture j’ai eu très peur. Peur de basculer dans le gros cliché du marin qui fait sa comédie, fait semblant de tomber in love et s’en suit la vie d’une jeune femme dépressive que la vie a déçue et qui pensait avoir rencontré le grand amour. Il n’en est rien ! Ouf ! L’auteur rebondit avec audace sur cette rencontre. Le personnage féminin finit dans le lit du marin et repart dans la nuit, avec les 300€ que le pas-malin-pas-très-fute-fute avait laissé dans son portefeuille sur le bureau, subjugués d’émotions après avoir fait monter la minette dans son appartement quelques heures auparavant…

Avec les 300€, notre protagoniste prend un train pour Saint Nazaire (on est d’accord, avec 300€ vous ne seriez pas forcément parti dans le premier train pour Saint Nazaire si ??!!) Et bien elle oui. Elle y rencontre un inspecteur avec qui elle couche (pratique, elle dort chez lui et ne paye pas d’appart). Elle le suivra ensuite à Marseille puis à Paris et terminera son périple au Havre, de là où elle vient.

Le livre est loufoque, le personnage et l’histoire aussi. Quelques scènes sont décrites avec minutie et nous laissent à penser que l’histoire est vraie, que les personnages sont réels. Puis le fait que l’auteur disparaisse sans payer aucune facture, se fasse entretenir par un inconnu qui n’est jamais choqué lorsqu’elle ment alors qu’il se doute de la mascarade…alors là on est perdu).Perdu dans le loufoque, le bizarre et l’insensé. L’auteur manie avec délicatesse les pronoms, les scènes, les mélangeant et contribuant à la folie et le bazar qui règne dans la vie du personnage que l’on suit tout au long de l’histoire.

A lire je vous le conseille, c’est agréable et frais !